10/11/2025 ssofidelis.substack.com  5min #295911

L'« ordre fondé sur des règles » n'est qu'une imposture, une subversion du droit international

Le retour du Nouvel Ordre Mondial.

Par  Sam Husseini, le 10 novembre 2025

Roger Sterling : Il y a des règles.

Bert Cooper : Il y a d'autres règles.

- Extrait de la série "Mad Men "

Lire de 3:05 à 3:30

Il y a quelques mois, lorsque  la Suisse a scandaleusement bafoué son obligation d'appliquer les Conventions de Genève dans les territoires palestiniens occupés, Amnesty International a publié une déclaration :

"Cet échec est particulièrement accablant pour tous les États européens qui clament depuis plusieurs semaines leur engagement en faveur du droit international et de l'ordre fondé sur des règles dans la crise ukrainienne, mais qui, une fois de plus, ne passent pas à l'action, sapant encore davantage les valeurs internationales et universelles".

Amnesty International a bien sûr eu raison de dénoncer l'hypocrisie insensée de ces États européens - la  déclaration de l'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères  Annalena Baerbock, aujourd'hui présidente de l'Assemblée générale des Nations unies, en est l'exemple parfait - qui prétendent lutter pour

"un ordre international fondé sur des règles et des principes de droit, plutôt que sur la loi du plus fort",

lorsqu'il s'agit de la Russie.  Baerbock est bien sûr favorable aux violations du droit international quand il s'agit d'Israël, justifiant ainsi les agissements criminels des superpuissances militaires.

Mais Amnesty International, et bien sûr Baerbock, se fourvoient en assimilant "droit international" à "ordre fondé sur des règles".

Les gouvernements américain et allemand ne se soucient guère du droit international.

Pourtant, ils s'obstinent à imposer leurs propres règles.

Ils invoquent une règle donnée au moment opportun pour servir les desseins de l'Empire. La non-prolifération nucléaire, le prétexte idéal. Le féminisme, pour diaboliser quelqu'un. La non-agression, uniquement à leur convenance.

C'est contraire au véritable système juridique, qui applique les lois équitablement à toutes les parties.

Avec "l'ordre fondé sur des règles", le gouvernement américain peut ainsi instrumentaliser une règle donnée pour servir ses ambitions.

Anticiper ces situations permet généralement d'éviter bien des complications.

Comme je l'ai  souligné en juin 2024, lorsque le gouvernement américain a prétendu vouloir un cessez-le-feu à Gaza :

"Il ne s'agit pas d'une proposition de cessez-le-feu, mais d'une résolution destinée à entraver l'application des ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ).

"C'est ce que le gouvernement américain a en tête lorsqu'il affirme privilégier un ordre fondé sur des règles plutôt que fondé sur le droit.

"Il fixe les règles. Il bafoue le droit quand bon lui semble".

Ainsi, c'est sous couvert d'un "cessez-le-feu" douteux que l'application des ordonnances de la CIJ a été contournée. Le gouvernement américain, une fois l'objectif atteint, a pu agir à sa guise.

La plupart des articles consacrés au concept d'"ordre fondé sur des règles" ne sont qu'une manœuvre de diversion. Comme me l'a dit Francis Boyle il y a des années :

"En réalité, cela relève de la fraude, pas du droit international".

Samuel Moyn et Trita Parsi l'ont récemment confirmé sans détour,  écrivant que

"de nombreux experts en droit international considèrent le concept d'ordre fondé sur des règles non pas comme un complément au droit international, mais comme ce qui le menace".

Amnesty International a des avocats. Ils savent qu'on ne peut pas confondre les deux notions. Toutefois, nombreux sont ceux qui, même bien intentionnés, ont confondu les deux termes, car la distinction leur échappe.

Certains attribuent ces termes insidieux au politicien australien Kevin Rudd, Premier ministre travailliste de 2007 à 2010. Cet usage s'est répandu  vers 2016. À juste titre, Rudd s'est fait connaître en 2003 en poussant à l'invasion de l'Irak,  déclarant :

"L'existence d'armes de destruction massive en Irak ne fait l'objet d'aucun débat ni d'aucune controverse. C'est un fait".

Il n'y a pas de remise en cause des allégations selon lesquelles Saddam Hussein violerait les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. "C'est un fait".

Cependant, l'expression est bien antérieure aux propos de Rudd. On peut citer, par exemple, le cas où le gouvernement américain s'en est pris au Liberia, affirmant que ses actions

"remettent directement en cause les objectifs de la politique étrangère des États-Unis dans la région, ainsi que l'ordre international fondé sur des règles, indispensable à la paix et à la prospérité des États-Unis".

Cette déclaration a été faite par George W. Bush le 23 mai 2001.

Ce n'est, à bien des égards, qu'une version plus modérée du Nouvel Ordre Mondial de Bush I.

Merci à Kyle Smith.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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